DERRIERE LE MIS EN AVANT (1989)
174 négatifs (films argentiques 24 x 36 noir et blanc)
54 tirages 22 x 28 cm, collés sur carton sans acide,
présentés sous marie-louise 40 x 40 cm.
Série réalisée et exposée à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris,
à partir d’un seul objet (rejet d’ébauche de sculpture en pierre).
Bernard Lantéri agit à partir d’effets de proximité, des alternances d’altération et de retournements de situations limites. Ce sont encore les pathologies de la mémoire qui vont nous introduire à la lecture de cette œuvre. Bernard Lantéri fait jouer à plein régime cette logique du hors-temps qui structure ses séries. Mais le lien logique se situe dans une suite d’approximations qui délimitent des points de sensibilité extrême marqués par l’intensité de la lumière ou de l’ombre. Là intervient ce que les psychologues appellent « l’oubli à mesure ». En effet, ces zones particulièrement intenses apparaissent sur de grands aplats de matière plus photographique. L’ensemble de ce projet artistique, autant par sa méthode soustractive que par sa proximité détournée de techniques d’introspection du corps comme l’échographie ou la résonance magnétique nucléaire, semble répondre à l’injonction de Daniel Sibony « Il faut réapprendre à subir des discontinuations de mémoire ». Bernard Lantéri opère justement toutes ses transgressions iconiques dans le domaine d’un photolangage de l’inconscient.
Christian Gattinoni
Revue Art Press – Spécial photo 1991